Faire venir l’école aux enfants malades des Hautes-Pyrénées

Dans les Hautes-Pyrénées, l’Association pour l’enseignement aux enfants malades (ENSEMA) vient en aide aux enfants du CP au BTS pour leur assurer un suivi scolaire malgré la maladie.

Inspirée par la Fédération pour l’Enseignement des malades à domicile et à l’hôpital (FEMDH), l’Association pour l’enseignement aux enfants malades (ENSEMA) assure dans tout le département des Hautes-Pyrénées une scolarité aux élèves atteints de maladie psychologique ou physique. Les enseignants bénévoles se rendent au domicile, à l’hôpital ou au foyer de l’enfant et s’adaptent à son rythme pour continuer le travail déjà commencé à l’école auparavant.

Adeline Delezay, vice-présidente de l’association ENSEMA, et professeure agrégée de lettres modernes à la retraite assure l’enseignement du français et la préparation au baccalauréat des élèves déscolarisés du lycée. « J’ai toujours aimé les cas plus difficiles. Ces enfants malades ont malgré tout une telle volonté d’apprendre ! »

Du CP au BTS, les bénévoles assurent tous les niveaux et sont libres de choisir de travailler avec des enfants, des adolescents ou des lycéens. « Tout adulte qui a fait des études longues, au moins cinq ans, peut devenir un professeur. Ainsi un médecin à la retraite a parfaitement enseigné la biologie aux lycéens, et un ingénieur expliquera d’une façon différente l’enjeu des mathématiques et de la physique. » Si une vraie souplesse est exigée de la part de l’enseignant, qui peut se retrouver à faire cours dans le jardin du foyer si l’enfant ne parvient pas à se concentrer et a besoin d’apprendre en marchant, il reste néanmoins libre de refuser certains cours. «Certains collègues ne préfèrent par exemple pas, pour des raisons personnelles, enseigner à des enfants atteints d’un cancer. Il arrive aussi, tout simplement, qu’ils n’aient pas les compétences académiques recherchées. C’est le cas par exemple dans le domaine juridique : nous n’avons pas d’intervenant connaisseur en la matière. »

« On peut croire que les cours sont pesants, mais en réalité ils sont très gais. C’est l’occasion pour l’enfant de sortir du cadre des soins. Avec les cours, on peut mettre le monde à leurs pieds, en sortant du protocole médical strict », s’enthousiasme Adeline Delezay. Après avoir enseigné de longues années dans des lycées publics, elle se réjouit de pouvoir construire dans la durée un projet qui « n’est pas caritatif, mais d’intérêt général ». Des associations similaires sont présentes dans une soixantaine de départements, mais un tiers des départements français ne sont pas encore couverts. « Le défi actuel est que la restriction du nombre de postes d’enseignants est un problème pour ces enfants malades, qui peinent de plus en plus à accéder à une forme de soutien scolaire. » La professeure de français travaille donc à la recherche de subventions pour faire grandir l’association, et ainsi subvenir à tous les besoins du département.

« Pour moi, ces enfants sont des héros de la mythologie. Je suis émerveillée devant leur résistance face à la maladie et leur capacité de rebond après les difficultés qu’ils ont rencontrées. Tout est à construire, c’est passionnant », confie encore Adeline Delezay avec passion.

Sources : La vie