ENSEMA 65, des enseignements au service des enfants malades

L’association ENSEMA permet aux élèves dont la scolarité est interrompue à la suite d’un accident ou d’une maladie de poursuivre gratuitement leur scolarité dans les matières générales, du CP au BTS. Elle recherche des bénévoles partout dans le département pour enseigner aux jeunes malades, action déterminante sur le chemin de la guérison.

Créée en 1987 et membre de la FEMDH (Fédération pour l’Enseignement des Malades à Domicile et à l’Hôpital), l’ENSEMA 65 (Enseignement aux Enfants Malades) compte une cinquantaine d’enseignants bénévoles, qui ont accompagné 49 élèves dans l’année scolaire 2016-2017, pour 87 interventions dans tout le département. L’objectif étant pour le jeune pris en charge, une reprise scolaire dans de bonnes conditions, avec un niveau scolaire le plus proche possible des autres élèves de sa classe. Entretien avec Romain Cabaup et Adeline Delezay, président et vice-présidente de l’association.

Bigorre Mag : Qui sont vos élèves ? Comment se passe une intervention ?

Romain Cabaup : Nos élèves souffrent de maladies organiques plus ou moins invalidantes ou de maladies psychologiques. Selon leur pathologie, nous intervenons à l’hôpital, à domicile, dans notre local ou l’établissement scolaire. Les enseignants bénévoles ne sont pas des répétiteurs, mais des professeurs reprenant le cours là où les élèves l’ont arrêté. Parfois, l’intervention permet simplement à l’élève de se changer les idées. C’est la santé qui prime, l’enseignant s’adapte au cas par cas.

Adeline Delezay : C’est du cours particulier, l’intervention dépend des enfants, en étroite collaboration avec l’établissement d’origine et le corps médical : nous avons besoin de ce dialogue pour imaginer le retour à l’école. Attitude, comportement, niveau de langue, nous arrivons avec les mêmes exigences que si nous faisions cours à des enfants en bonne santé… même si dans les faits, ce n’est pas toujours possible. A cause de la maladie, il faut accepter une certaine souplesse dans la relation humaine.

« Une intervention réussie, c’est quand l’enfant reprend une vie normale »

Qui sont les bénévoles ?

Ils sont actifs ou retraités, presque tous professeurs des écoles. Nous accueillons également d’autres professionnels qui maîtrisent leur discipline (par exemple un médecin pour enseigner la biologie, un ingénieur pour les maths et les sciences physiques…), avec l’envie de transmettre à des enfants. Ils sont préparés à intervenir au domicile des familles, et donc à entrer dans leur intimité, ce qui n’est pas un exercice habituel. Tous les bénévoles bénéficient de formations régulières (sciences cognitives, psychologiques, outil informatique) indispensables pour mieux accompagner les enfants malades. Ils peuvent également solliciter une psychologue dans les situations douloureuses, comme la dégradation physique d’un élève, voire son décès, l’extrême angoisse des familles.

Aujourd’hui, vous lancez un appel au bénévolat. Pour quelles raisons ?

Pour les mêmes raisons que la plupart des associations. Certains enseignants bénévoles sont âgés et les jeunes retraités ont des obligations, ce sont souvent des aidants. Nous recherchons des bénévoles dans tout le département et dans toutes les matières. Il faut savoir que certaines interventions sont de courte durée (un enfant qui s’est cassé la jambe, par exemple), on ne signe pas forcément pour un engagement très prenant.

« Enseigner aux enfants malades, une expérience passionnante »

Mère de quatre enfants, Adeline Delezay a pris une retraite anticipée à 53 ans. Cette professeure de français adorait son métier, une passion « trop chevillée au corps » pour stopper toute activité : « La littérature, c’est la vie, la possibilité pour nos jeunes de mettre des mots sur les émotions qui les traversent. Elever, c’est mon métier… L’ENSEMA, c’est comme une seconde vie professionnelle, qui m’oblige à trouver une stratégie pour chaque enfant, à ne pas « ronronner ». C’est une expérience passionnante, avec des enfants dont le courage est stupéfiant, avec le désir d’aller de l’avant, une façon admirable de se projeter quelle que soit la gravité de la maladie ou leur état de fatigue. Ce sont des cours très gais, où on rit beaucoup ! ».

Sources : BigorreMag.